Souvenirs Napolitains







Extrait de la revue 'Aguedal'

- Tombeau de Max Jacob 1944 -

C'est sur le cours Victor-Emmanuel, à Naples, que j'ai connu Max Jacob.

Le tram s'est arrêté devant Parker's hotel.

J'en ai vu jaillir une merveilleuse petite sphère de feu. Cette sphère, à peine tombée sur le trottoir, a bondi et étincelé. Il s'en est détaché un crépitement électrique: cris , lazzi, ricanements, coq-à-l'âne, flèches, fusées, soleils, aurores boréales.

Derrière ce météore, un grand garçon sérieux attendait sagement: Jean Grenier.

Les gestes, les mots s'envolaient, l'esprit faisait ses cabrioles. Pendant un moment je n'ai pas vu le ciel.

Puis cette extraordinaire pluie de feu est retombée et j'ai aperçu un homme petit, rond, vif, rusé, qui était en train de me dire la bonne aventure.

Il me disait avec une rapidité incroyable: " De l'eau! De l'eau! Esprit dans les nuées!..."

Il avait le chef couronné d'un vaste canotier de paille blonde, pù un chapelier délicat, de Caserte ou de Métaponte, avait noué un ruban blanc et rose.