Tante Martine


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L'HISTOIRE :

Cet hiver, elle est revenue. Je parle de Tante Martine. J'irai jusqu'à dire qu'elle m'a hanté. Quand un personnage aussi passionné revient avec une telle insistance, c'est qu'il a encore quelque chose à dire et je me suis imaginé, Dieu sait pourquoi !, que c'était pour me dire adieu. Mais elle hésitait. Elle ne voulait pas me dire malheureux. Or, à ce moment-là, je me suis rendu compte que je ne savais pas comment elle était morte. Car elle était morte. Je l'avais déjà dit, non sans grande tristesse, dans un récit d'adolescence, "Mon compagnon de songes", mais sans doute trop brièvement aux exigences de son cœur. Elle méritait mieux que quelques phrases.Je l'avais tant aimée !... Il faut , pensai-je alors, consacrer un petit ouvrage à l'amour de son Ombre. Et j'ai commencé à écrire...

J'ai raconté qu'elle n'était pas morte telle année, tel jour, à telle heure, mais qu'elle s'était effacée sans qu'on s'en aperçut, tant avait été menée délicatement sa disparition de ce monde. Mais à mesure qu'elle s'effaçait, elle se prenait à renaître et j'en oubliai mon propos. Finalement, elle n'avait jamais été aussi vivante. Au lieu d'un départ clandestin, j'assistais à une arrivée éclatante de vie et dès lors, cette vie, je ne l'ai plus quittée. J'en ai retrouvé et j'en ai revécu ingénument moi-même les jours de ce temps mémorable où elle vivait avec nous au "mas du Gage". Et c'est là tout le livre. Il a en somme bien tourné... Il restait pourtant un point d'ombre, l'ombre d'un secret, le secret de Tante Martine.

J'aurais bien voulu le connaître, je n'ai pu qu'y faire quelques allusions... Peut-être vaut-il mieux n'avoir laissé là-bas qu'une porte entrouverte sur les profondeurs de cette âme. Car c'était une âme profonde et de telles âmes tiennent religieusement à sauvegarder leur mystère.






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