Barboche

A chaque grande saison de la vie, chacun de nous devrait faire un petit voyage dont il conserverait le souvenir dans le trésor de ses secrets.

Henri Bosco l'a fait ou, du moins, pour lui, Pascalet, en compagnie de la chère et vieille Tante Martine. Et c'est ce voyage qu'on raconte ici.

Ils s'en sont donc allés au berceau de famille, dans les derniers beaux jours de l'année où l'enfant va quitter pour toujours la liberté de son enfance pour le collège et toutes ses tristesses.

Voyage qui aura, et du charme, et ses charmes. Nuits à la belle étoile dans le silence des pinèdes, que trouble seul le glissement furtif de la sauvagine. Auberge ténébreuse où la chère est exquise, où se fondent étrangement le fumet de la daube et des relents de soufre. Dangers inattendus, haltes paisibles, rencontres aimables ou suspectes. Tous événements du voyage tour à tour les plus ordinaires et les plus incroyables que la vieille femme regarde avec les yeux du souvenir, tandis que l'enfant les découvre avec ses yeux tout neufs. Deux regards différents, et qui sont les secrets du drame.

Mais il s'y mêle aussi des manifestations, tantôt familières, et tantôt mystérieuses, de la vie animale. Le chien Barboche aime l'enfant et s'accorde la vieille femme. L'âne (qui n'est autre que le fameux "Ane Culotte") fréquente affectueusement nos voyageurs. Et sur eux les oiseaux chantent pour se faire comprendre.

"Tout cela ! Tout cela ! (pourrait dire notre conteur ...). Et pour qui ? Je vous le demande ! Pour Pascalet, un enfant de dix ans, et pour Tante Martine qui a sept fois cet âge... N'est-ce pas beau ? Et ne fallait-il pas vous en faire un récit ?..."

Sans doute.

Quant à nous il nous semble bien que ce conteur - qui avait déjà évoqué : "L'Enfant et la rivière", "Le Renard dans l'île", "Antonin" - n'avait jamais encore aussi clairement découvert ce don miraculeux d'une enfance que l'on retrouve, si ce n'est d'une enfance qui, lointaine et presque oubliée, ne s'était pas perdue...